Sabrina Carpenter : l’icône pop au service de l’émancipation féminine

Révélée par la série “Girl meets world” sur Disney Channel, Sabrina Carpenter, est vite devenue une pop star internationale.

Avec son univers esthétique, ses textes à double sens et sa présence scénique assumée, elle s’impose aujourd’hui comme une figure centrale de la pop.

Mais ce qui fait parler c’est surtout sa capacité à jouer des codes dictés par la société patriarcale afin de les transformer en outil d’émancipation personnelle, artistique et féministe.

À travers ce qu’elle incarne, elle cherche à réaffirmer une figure féminine, complète et libre.

Une esthétique ultra-féminine

Par ses tenues de scène, Sabrina Carpenter revendique une esthétique de féminité affirmée, inspirée de figures comme Marylin Monroe ou Audrey Hepburn.

Avec ses tenues à sequins et paillettes, ses silhouettes rétro et ses coiffures vintage, elle incarne une pin-up moderne. Mais là ou ces icônes étaient parfois figées dans une image modelée par des hommes, Sabrina réemploie cette image pour en faire une arme de représentation contemporaine.

Dans une vidéo avec son styliste elle dit : “The girls are going to love it”, c’est là qu’on capte son essence : elle s’adresse à un public féminin et elle construit ses shows pour son public et non pour séduire un regard masculin extérieur. Elle est une artiste qui célèbre la complicité féminine, la mode comme outil de puissance et l’esthétique.

Quand la féminité assumée devient subversive.

Sabrina correspond aux standards de la “femme parfaite” selon le patriarcat : belle, douce, souriante et séduisante.

Pourtant un élément vient tout perturber : sa liberté. Elle parle ouvertement de sa sexualité, elle assume ses tenues courtes et subjectives, elle use de sarcasme, d’ironie et d’auto-dérision. En bref, elle détourne l’idéal docile attendu d’elle.

Ce qui est perçu comme dangereux pour les plus conservateurs, ça n’est pas sa beauté, mais bien le contrôle et la conscience qu’elle exerce sur celle-ci.

En incarnant cette image pour mieux la détourner, la chanteuse déstabilise ces rapports de domination et de hiérarchiedes genres.

Elle ne se conforme ni au rôle de mère, ni à celui d’épouse. Elle choisi ce qu’elle veut être. Elle s’approprie son corps, sa sexualité et narre son histoire, brisant l’idée selon laquelle elle devrait être régie et validée par un homme.

Une figure féministe critiquée mais nécessaire.

Sabrina Carpenter est souvent érigée (ou critiquée) comme figure du féminisme moderne, mais il est important de rappeler qu’il n’existe pas qu’une seule façon d’être féministe.

Le féminisme est défini comme un ensemble de pensées philosophiques, politiques, morales et sociales qui visent l’égalité des genres.

On peut être féministe et montrer son corps, comme on peut l’être sans le dévoiler. Sabrina ne cherche pas à incarner toutes les femmes, mais elle ouvre un espace de visibilité pour celles qui se reconnaissent dans cette liberté esthétique et sexuelle.

Ce qui lui vaut cette vague de haine c’est aussi, le grand retour des valeurs traditionnelles comme l’illustre le mouvement des “Trad Wives” qui gagne en visibilité.

Ces femmes prônent un retour au foyer, à la modestie. Ce choix est légitime lorsqu’il est consenti mais devient problématique lorsqu’il devient une arme retournée vers ces femmes qui, comme Sabrina, s’écartent de ce modèle.

Son succès déclenche aussi des controverses : les parents s’indignent du contenu de ses chansons et de ses mises en scènes oubliant que le contenu est accessible en ligne et connu, et que la responsabilité incombe aux parents et responsables légaux, pas aux artistes.

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